Barrage de castors

Double barrage de castor (Canal Whitefish, rapides St. Marys, Sault-Sainte-Marie, Ontario, Canada).
Barrage d'un castor par une froide journée d'hiver.
Autre vue (ancienne) d'un étang dont le barrage a été détruit, et où les buissons recépant là où le castor a coupé un arbre sont bien visibles (date non mentionnée).

Un barrage de castors est un barrage naturel, construit en travers d'un petit cours d'eau par des castors. Il lui permet de conserver de l'eau en été et de protéger son gîte contre les prédateurs (coyotes, loups, ours, cougars, gloutons, lynx, loutres), et aussi de garantir un accès facile aux provisions de branches stockées sous l'eau comme réserve hivernale de nourriture.

Ces structures, dont on peut trouver des traces fossiles[1],[2], modifient depuis des millions d'années l'environnement naturel et comptent parmi les processus clés des écosystèmes alluviaux et forestiers de l'hémisphère nord. Le castor augmente ainsi le nombre, la proportion et la taille des zones humides, des eaux libres et du linéaire de berge. Il crée des zones de sédimentation et de puits de carbone. Il augmente la proportion des zones humides et d'eau libre dans le paysage forestier et alluvial. Il complexifie la forme des petits cours d'eau, la composition et la répartition de la faune des cours d'eau et de la végétation alluviale ainsi que les cycles biogéochimiques des éléments nutritifs. Il améliore la recharge des nappes, la qualité de l'eau. Il limite la fréquence, la gravité et la durée des incendies de forêt et des crues et ses barrages filtrent les sédiments (qui pourraient en aval colmater les frayères). En été, grâce à l'eau mieux accumulée en hiver, les mares de castors soutiennent les étiages. Les barrages favorisent ainsi de nombreuses espèces (poissons dont salmonidés, amphibiens, mammifères, oiseaux d'eau, invertébrés et plantes aquatiques et palustres notamment), en enrichissant l'écosystème global. Ceci fait du castor une espèce facilitatrice et « clé de voûte »[3].

Les petits barrages sont étroits et souvent en grande partie faits de terre, alors que les grands barrages sont solidement construits avec une large base, des morceaux de bois plus solides et un sommet habituellement incliné vers l'amont pour résister à la force du courant. Les castors y travaillent surtout de nuit, portant boue et pierres et pouvant tracter de gros morceaux de bois en s'aidant de leurs dents. Ils cherchent à réparer leur barrage principal dès qu'il se dégrade, puis entretiennent les barrages secondaires quand ils existent.

Le paysage, sa géologie et la quantité d'eau présente en été ou en hiver ont une grande influence sur le fait que le castor construira ou non un barrage : le castor ne fait pas de barrage là où la hauteur d'eau lui suffit (sur le cours moyen et aval de la Loire par exemple en France), et bien entendu pas là où il n'y a ni forêts ni zones buissonneuses denses sur les berges.

  1. Kraus S M. & Wells T. (1999) “ Recognizing avulsion deposits in the ancient stratigraphical record”, in : N.D. Smith et J. Rogers (eds.), Fluvial Sedimentology VI, International Assoc iation of Sedimentologists, Special Publication, 28 : 251 - 268
  2. John S. & Klein A (2004), « Hydrogeomorphic effects of beaver dams on floodplain morphology : avulsion processes and sediment fluxes in upland valley floors (Spessart, Germany) ; Les effets hydro-géomorphologiques des barrages de castors sur la morphologie de la plaine alluviale : processus d'avulsions et flux sédimentaires des vallées intra-montagnardes (Spessart, Allemagne) », Quaternaire, 15 (1-2) : 219 - 231. ([PDF], avec Persée)
  3. AFP, « Le plus grand barrage de castors découvert grâce à Google Earth », Libération,‎ (lire en ligne)

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